Covid-19 : économie post confinement ?
Nous venons de connaître une période de confinement de 2 mois, sous la pression d’un virus invisible qui a changé notre vie. Le Covid-19 est arrivé comme une épée de Damoclès qui peut toucher mortellement n’importe quel d’entre nous à tout instant.
Quelles seront les perspectives d’une économie post confinement ?
La santé de chacun reste prioritaire à toute activité et il est normal de rester très prudents dans la reprise d’une économie post confinement. Les conséquences sont très importantes dont une dette abyssale dont seule une petite partie revient à la crise sanitaire.
Je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance de la dernière étude publiée par l’INSEE
Cependant, il est évident que cette crise sanitaire sera catastrophique pour notre activité économique et nos finances publiques. Maintenant, il va falloir faire preuve d’une extrême résilience pour repartir différemment, en tirant la leçon de ce qui s’est passé et de ce que nous observons depuis un certain temps.
En effet, cette crise sans précédant nous ouvre les yeux sur nos manques, nos défauts, nos erreurs. Elle nous alerte sur les priorités qui conditionnent l’avenir de notre société et de nos concitoyens.
Les initiatives citoyennes locales ont précédées l’intervention des pouvoirs publics
On peut admirer les femmes et les hommes, les acteurs associatifs, le personnel soignant, les entrepreneurs et tous ceux qui ont su s’organiser plus vite que n’importe quelle institution. Toutes et tous, dans un élan de solidarité fantastique, ont contribué à améliorer le sort de ceux qui étaient les plus exposés à cette situation nouvelle et inconnue : soignants, SDF, personnes déjà touchés par les maladies, personnes âgées isolées ou en EPHAD etc.
Les entrepreneurs qui pouvaient encore travailler ont su faire preuve d’adaptation et d’innovation.
On peut prendre en exemple les agriculteurs qui ont développé les livraisons en circuit court, les restaurateurs qui ont fait livrer des repas et parfois même gratuitement, ou encore les couturières qui se sont mis à confectionner des masques et tous ceux qui ont mobilisé des imprimantes 3D pour confectionner des visières.
On a pu constater que les initiatives citoyennes ont précédées et orientées la prise des décisions au niveau national.
Cela conforte l’idée que les forces vives sont efficaces au niveau local, sur le terrain, avec les citoyens, avec les propositions des femmes des hommes qui y vivent. Il faut redonner notre confiance aux habitants et acteurs de la vie locale.
Notre système de santé et la recherche : piliers à sanctuariser pour le salut de tous
La survenue de ce nouveau coronavirus aura ébranlé toutes nos anciennes certitudes. Nous nous sommes crus dans une bulle aseptisée où rien ne pouvait nous arriver. Pourtant, dans d’autres contrées, notamment en Asie, des situations analogues ont déjà eu lieu. Bien que nous habitons la même planète, nous n’avons pas su anticiper. Nous n’avons pas réellement su imaginer que cela pourrait nous arriver.
Notre système de santé, l’un des plus avancés au monde, était devenu une habitude, une évidence. Ce qui se passe vient nous rappeler que notre système de santé doit être le pilier de la Nation. Mais l’autre évidence, c’est que le partage d’informations vitales doit supplanter la concurrence entre les laboratoires.
Ne faudrait-il pas un fichier international sanitaire accessible aux chercheurs du monde entier ? C’est certainement ce que devrait exiger l’OMS. La santé se doit d’être un bien universel qu’il faut promouvoir sur toute la planète. Nous pouvons être triste de constater que la 1ere puissance économique mondiale n’a pas intégré cette exigence absolue.
L’autonomie sanitaire et alimentaire doivent être des objectifs à très court terme
Nous devons vivre dans un monde ouvert, solidaire, où chacun doit pouvoir trouver près de chez lui l’essentiel dont il a besoin. Ce que nous vivons nous dit que l’alimentation et la médecine doivent se trouver à proximité raisonnable de chacun. Les pouvoirs publics devront définitivement l’intégrer dans une économie post confinement.
Les instances européennes devront aussi en prendre acte. Par exemple, pourquoi ne pas détaxer toute production à usage local, sanitaire et alimentaire essentielle, pour favoriser l’entrepreneuriat local ? Dans une économie post confinement, Il faut aussi laisser une place importante à l’économie sociale et solidaire qui devient un ciment social.
La question du logement et de l’urbanisation doivent être au cœur des politiques publiques
On a pu constater la transposition des inégalités sociales dans le cadre du confinement. Ceux qui ont une maison, un jardin et de l’espace, l’ont assurément mieux vécu que les personnes vivant en appartement dans de petits espaces. Cela peut remettre en cause l’idée de concentration des habitants. La leçon de ce que chacun a vécu ne pousse-elle pas à promouvoir l’occupation horizontale des territoires en repeuplant les territoires ruraux ?
L’autonomie alimentaire s’est aussi révélé une nécessité absolue. Chaque famille ne doit-elle pas avoir le droit de cultiver un lopin de terre, base de nos sociétés d’autrefois dont nous nous sommes petit à petit éloignés ? Les jardins partagés qui étaient déjà d’actualité avant cette pandémie pourrait être une réponse. Cette solidarité autour de l’alimentation de base doit être au cœur de toutes les politiques futures d’une économie post confinement;
L’environnement et la mobilité sont des enjeux cruciaux pour notre avenir proche
Ce virus Covid-19 est certainement venu pour nous ramener à notre fragilité, à notre humilité. Le confinement qu’il nous a imposé, nous a montré que la régénération de notre lieu de vie était possible. Avec une rapidité surprenante, la pollution s’est estompée, les espèces sauvages animales et végétales se sont manifestées à nous comme jamais. C’est comme une lumière qui est venue nous rappeler que la nature n’a pas besoin de nous, mais que c’est nous qui avons besoin d’elle ; que nous devons la traiter avec bienveillance ; que nous devons la protéger pour mieux nous protéger.
La limitation de nos déplacements a fait pour beaucoup.
Donc il faut en tirer les conséquences majeures pour une économie post confinement rénovée, notamment en généralisant le télétravail lorsqu’il est possible. L’impact nocif de nos déplacements doit absolument être limité. Il ne s’agit pas de limiter nos libertés, mais de les préserver, en limitant l’impact écologique dans toutes nos activités humaines. Ainsi il va falloir accélérer fortement l’innovation, mais aussi revenir à la raison en favorisant plus que jamais les modes de transport urbains et péri-urbains alternatifs comme le vélo. Les initiatives actuelles vont dans le bon sens, comme la généralisation des pistes cyclables et la prime pour remettre en état les vieux vélos.
Il faut aussi repenser nos réseaux de transport en commun
Il faut qu’ils ne soient pas des propagateurs de maladies et globalement, pour assurer la sécurité des usagers.
Mais encore, la voiture étant indispensable pour une grande partie de nos trajets, il est nécessaire d’arrêter de construire des véhicules 100% thermiques en accélérant les primes aux véhicules propres pour que le parc automobile se transforme rapidement, sans stigmatiser ceux qui n’ont pas les moyens aujourd’hui de changer leur véhicule.
L’éducation : base du présent et du futur de notre humanité
Il semble important que tous les élèves, mais surtout les plus défavorisés, ne soient pas handicapés à jamais et puissent finir leur année scolaire dans de bonnes conditions. Le problème des réouvertures tient à la distanciation sociale et à toutes les procédures de désinfection. Les classes ne peuvent plus être remplies d’élèves. Par conséquent, plutôt que de les renvoyer à l’école une semaine sur deux, pourquoi ne pas utiliser les espaces extérieurs ?
L’événement étant suspendu, les entreprises qui possèdent des structures, tels des chapiteaux ou autres espaces couverts aérés, pourraient les mettre à disposition des maires. Comme les saisons sportives sont terminées et le sport collectif est interdit, les services municipaux pourraient utiliser les terrains de sport collectif (foot, rugby etc.) pour les installer. Pas de couloirs où les élèves se croisent, pas de poignée de porte, pas d’air confiné, moins de risques. Et là où le climat est clément, on peut même aller jusqu’à des classes à ciel ouvert.
Et puis il reste encore les préaux et les gymnases. Il faut savoir s’adapter sans transiger, notamment pour les élèves de primaire dont les bases de la lecture, de l’écriture et du calcul engageront leur avenir. Mais il faut aussi en profiter pour leur inculquer une philosophie : les enjeux de respect de la Vie, de la nature qui sera entre leurs mains, de la solidarité qui fera qu’ils sauront trouver des solutions avec les autres, de la culture qui leur permettra d’ouvrir leur champs de vision…
L’accompagnement social et la simplification administrative
La pandémie Covid-19 a réactivé l’interventionnisme de l’État et l’on peut saluer les aides diverses consenties aux entreprises. On a su casser les barrières administratives. Au niveau du citoyen, nous devons nous poser la question d’un revenu de base universel. Des gens sont dans la rue et désœuvrés, souvent parce qu’ils ont connu un accident de la vie. On y retrouve même d’anciens chefs d’entreprises.
Notre système basé sur une administration rigide, attend de les voir sombrer avant de proposer son aide, souvent trop tard. Cela est même devenu un enjeu pour la sécurité de nos concitoyens, mais aussi pour le commerce des centres villes.
La solidarité doit évoluer vers la simplicité, elle doit être plus directe et ne doit pas se noyer dans des dossiers. Ce débat doit s’engager très vite dans nos assemblées, d’autant que la situation de milliers de personnes est en train de se dégrader. A très court terme, il faut reloger les sans abris. Et pourquoi pas avec l’appui des associations et d’initiatives citoyennes qui ont fait leur preuves. Des entrepreneurs pourraient faire de la rénovation bénévole dans des logements insalubres sous l’égide d’associations.
Si nous n’agissons pas très vite, notre société risque de faire face à une déflagration climatique, économique et sociale. Il faut faire face immédiatement à toutes les situations de désespérance, tout en unissant nos forces afin de permettre l’émergence de nouveaux emplois, de petites industries relocalisées, d’entreprises à impact social et environnemental. Quelle que soit notre situation, nos esprits doivent s’ouvrir pour trouver des solutions nouvelles, pragmatiques. Le plus grand danger serait d’oublier et de repartir avec une économie post confinement comme avant, comme si rien ne s’était passé.
Notre économie post confinement sera solidaire et doit faire face à la transition écologique
